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Partenaires particuliers avec les ONG

Pour pérenniser leurs activités et mieux répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, des entreprises du secteur agricole construisent des relations avec des représentants de la société civile.

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Bien-être animal, biodiversité, santé, changement climatique… Les attentes de la société civile envers l’agriculture sont de plus en plus multiformes et complexes. Le « contrat social alimentaire » n’est plus uniquement basé sur une alimentation sûre et à bas coûts « poussée » par des gains de compétitivité au maillon de la production. La société civile veut aussi pouvoir « tirer » à elle la production en fonction de ses propres exigences, qui peuvent même s’exprimer de façon violente contre le secteur agri-agroalimentaire dans sa globalité, à travers différentes formes de dénigrement collectives que l’on classe désormais sous le terme d’« agribashing ». Excès temporaires d’une société qui souhaite se réapproprier son agriculture ? Ou bien défiance durable et massive ? Toujours est-il que la place réservée aux activités agricoles dans l’opinion publique a changé, impliquant une remise en question parfois profonde des modes de fonctionnement pour les entreprises du secteur.

1Le lobbying ne marche plus

Pour qui souhaite pérenniser ses activités, le lobbying ne suffit plus et les rapports de force basculent entre puissance économique et puissance médiatique. « Aujourd’hui, les discours syndicaux traditionnels de fermeté ne marchent plus. Il faut trouver d’autres solutions et cela passe par le dialogue ou la coconstruction », confirme Mathilde Lehoux, consultante en communication de l’agence RDN, spécialisée dans le secteur agricole.

2Toucher les consommateurs

Dans ce contexte, travailler directement avec des ONG est une solution qui peut être intéressante, car elles bénéficient d’un effet de levier en tant que représentantes de la société civile. « Nous qui sommes avant tout acteurs du B2B et qui avions très peu de contacts avec le grand public, nous avons pu répondre à des demandes sociétales de façon intelligible. Les ONG ont une force de frappe incroyable pour éduquer les consommateurs », souligne Sandrine Delory, directrice générale de Prospérité Fermière - Ingredia (Pas-de-Calais), partenaire du WWF France et de Welfarm.

3Une montée en compétence réciproque

Légitimes sur le plan sociétal, les ONG ont aujourd’hui un combat à mener pour gagner en légitimité auprès des acteurs économiques, c’est-à-dire les personnes directement concernées par leurs sujets de bataille. « Pourtant, les ONG se professionnalisent et recrutent agronomes, éthologues ou vétérinaires. Leurs compétences techniques s’enrichissent au contact des professionnels dans des partenariats gagnant-gagnant », assure Sandy Bensoussan-Carole, chez Welfarm.

De leurs côtés, les entreprises découvrent le dialogue avec les ONG ainsi qu’une matière scientifique concernant les sujets sociétaux à laquelle elles n’avaient souvent jamais prêté attention. Un socle scientifique commun semble en effet indispensable pour bien se comprendre et pouvoir avancer ensemble au-delà des aspects de militantisme.

4Accepter des exigences nouvelles

Toutefois, les ONG sérieuses ne s’engagent pas avec les acteurs économiques sans une réelle implication de leur part. Elles redoutent d’être associées à des démarches uniquement marketing de « greenwashing » ou de « welfarewashing », nous confirme Sandy Bensoussan-Carole. « Nous sommes ainsi fortement challengés par nos partenaires, complète Sandrine Delory. Ils ne se gênent pas pour nous pousser dans nos retranchements. Ils ont bien plus l’habitude que nous de travailler dans ce mode de relation. » À la clé de ces partenariats, il faut donc accepter de réels changements dans les pratiques à court ou long terme. La mise en place d’indicateurs et de cahiers des charges permet une gradation des exigences suivant les principes de l’amélioration continue.

5Prendre en compte l’environnement

Pour un acteur économique comme une coopérative, le travail avec les ONG doit aussi prendre en compte l’environnement économique. Par exemple, pour supprimer les OGM des rations des animaux, il y a tout un circuit d’approvisionnement à revoir. Idem si l’entreprise s’inscrit dans des démarches d’approvisionnement local et tracé. Les structures de taille régionale, travaillant déjà en proximité avec leurs fournisseurs, adhérents et clients, semblent plus agiles et mieux armées pour s’emparer de ces sujets-là.

Alexis Dufumier

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